La crue de la Raja aux Chapieux (73)

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Localisation

Le village des Chapieux est situé sur la commune de Bourg St Maurice en Savoie. Il est situé dans la vallée du torrent des Glaciers, puissant torrent capable de transporter, lors des crues, de très importants volumes de matériaux.

D'autres torrents - très secondaires - drainent les versants de la vallée. Ils sont beaucoup plus raides mais leurs bassins versants sont très peu étendus. Le village des Chapieux, pour se protéger des crues du torrent des Glaciers, est en partie situé sur les cônes de déjection de ces torrents.

L'analyse de la crue et la définition des travaux de protection a été conduite en collaboration par le service RTM de Savoie et ETRM.

Caractéristiques du bassin versant

Le bassin versant de la Raja couvre une superficie de 3.6 km². Il s'allonge sur une longueur de 3 kilomètres environ sur le flan d'un versant à forte pente. Le lit du torrent est particulièrement encaissé.

Schématiquement, la Crète des Gittes est formée de calcaires marno gréseux d'affinité dauphinoise qui chevauchent à partir de la cote d'environ 2000 des grès, conglomérats et flyshes de la zone dauphinoise. Quelques dépôts sont plaqués vers ce niveau. Ces formations dauphinoises sont massives mais altérées en surface sur une épaisseur de quelques mètres. Les produits d'altération sont constitués de fines plaquettes centimétriques à décimétriques enchâssées dans une matrice terreuse. La végétation herbacée recouvre ces formations jusque vers l'altitude de 2400 m.

Les grès et conglomérats sont les formations très massives qui ont produit les gros blocs présents dans la gorge du ruisseau de la Raja. Les flyshes solides, forment les falaises visibles à l'amont du village des Chapieux. Ces diverses formations sont assez résistantes à l'érosion par l'eau car les produits d'altération sont assez peu épais avant le rocher sain. Les éléments fins arrachés sur la partie haute du bassin ont été transportés jusqu'en bas sans que de franches zones de dépôt ou d'abrasion viennent amplifier ou diminuer le transit des matériaux. Le lit est très raide, nettement entaillé dans le versant et présente de rares replats.

Il est formé par la réunion d'une multitude de petits canaux qui drainent le versant de la Crète des Gittes au col de la Croix du Bonhomme. A partir de la cote d'environ 1800, il coule au fond d'une gorge rocheuse et assez pentue. Vers 1650, il reçoit le ruisseau des Murs en rive droite. A l'aval de cette confluence, le lit toujours encaissé mais un peu moins pentu (~ 25 %) est pavé jusqu'au sommet du cône de déjection d'une couche de plusieurs mètres de très gros blocs enchâssés dans une matrice d'éléments fins. Là, la pente diminuant encore, le ruisseau a formé un cône de déjection jusqu'à l'aval immédiat de la route menant à la ville des Glaciers. Cette zone correspond sensiblement au sommet du lit majeur du torrent des glaciers qui reçoit le ruisseau de La Raja. La pente diminue encore pour devenir presque nulle. Ce secteur du cône de déjection et de la confluence a toujours été problématique par cette diminution brutale de la pente qui favorise les changements de lit dans une zone très urbanisée. Après chaque crue, même faible, des travaux de dégagement et de recreusement sont utiles.

Cette discontinuité du transport solide est liée au déplacement du Torrent des Glaciers le long de la rive gauche suite aux endiguements et travaux réalisés depuis fort longtemps. Précédemment, le torrent pouvait divaguer beaucoup plus largement et reprendre les matériaux apportés par les affluents secondaires jusqu'au pied du versant rive droite.

 Nature de la crue

Le mercredi 13 août 1997, après une chaude journée d'été, un orage a éclaté en amont des Chapieux. Il a entraîné des crues des ruisseaux du Racle, de la Raja, Des Murs, de la Petite Tournette et du Truc.

La pluie de très forte intensité a dû tomber sous la Crète des Gittes sur un rectangle délimité sensiblement par le sommet de cette Crète d'altitude 2538 m, le col de la Croix du Bonhomme et l'altitude d'environ 2200 à 2300 m.

Une visite, à pied, des bassins versants a montré que les précipitations intenses n'ont intéressé que des secteurs bien délimités (quelques km²). Ces intenses précipitations ont intéressé la totalité des tous petits bassins de réception des ruisseaux de la Petite Tournette, des Murs et du Racle alors que celui de la Raja n'a été touché que partiellement.

Les débits spécifiques sont de l'ordre de 3 m³/s par km pour l'ensemble des cours d'eau. Ils peuvent avoir été localement nettement supérieur pour les plus petits torrents.

Tous les écoulements, dans ces ruisseaux, ont eu lieu sous forme de charriage très concentré, mais jamais sous forme de lave torrentielle.

Dans le haut bassin versant, le ravinement à été très intense, les talweg étant souvent décapés jusqu'au substratum. Au niveau de quelques rares replats, le torrent a largement divagué, déposant quelques matériaux mais surtout reprenant une partie des matériaux.

 Sur son cône de déjection, le torrent a très rapidement engravé son lit et débordé très largement.

Dégâts et aménagements

La Raja, au sommet de son cône de déjection, a quitté son lit artificiellement maintenu sur sa rive droite pour se partager en trois bras qui ont inondé et engravé le rez-de-chaussée des bâtiments situés sur sa rive gauche avant de déposer quelques dizaines de cm de boue dans la zone basse du terrain de camping sauvage.

Notons que les rez-de-chaussée des maisons du secteur sont en contre bas par rapport au terrain naturel ce qui permet de penser qu'elles le sont à cause d'une précédente crue, peut être celle d'août 1954 encore présente dans les mémoires des anciens du village. La quantité de matériaux transportés est d'environ 5 000 m³.

 

Le problème principal lié à la correction de ce ruisseau provient de la très forte diminution de pente sur leur cône de déjection et dans la partie comprise entre celui-ci et le lit mineur du torrent des Glaciers encore plus plate. Ces surfaces sont celles où la tendance au dépôt donc au débordement et au changement de lit sont les plus fortes. Elles sont aussi les plus sensibles à cause la présence du village des Chapieux et des surfaces occupées par des campeurs.

Une correction active pour empêcher les apports solides est impossible car les surfaces d'érosion ne sont pas délimitées, mais correspondent à tout le bassin versant. La seule parade consiste à maîtriser tout débordement au niveau du village.

 

L'analyse du bassin versant a montré que l'essentiel des matériaux déposés provenait de l'abrasion en faible épaisseur sur toute la surface du bassin de réception qui sans gros dépôt ni abrasion significative étaient transportés sur le cône de déjection.

Cependant ici, La zone de gorge au-dessus du cône est tapissée de gros blocs qui bougent et se recomposent à chaque crue. Dans l'état actuel, il est peu probable qu'une crue puisse les transporter sur une longue distance mais, il est difficile d'exclure totalement qu'une part de ces gros éléments soit transportés et viennent s'ajouter aux dépôts fins habituels.

La stratégie de protection consistera à utiliser le cône de déjection pour arrêter la plus grosse part des matériaux et ensuite à limiter les débordements aux zones sans enjeux forts.

Le cône de déjection, bien délimité latéralement par deux falaises sera aménagé et curé pour pouvoir piéger la plus grosse quantité possible de matériaux. Au moins 20 000 m³ peuvent être extraits sur la partie basse.

Une digue semi-frontale sera installée pour protéger les maisons de la rive gauche. Elle sera prolongée le long du ruisseau jusqu'à la route d'accès au village des glaciers. En rive droite, la digue de protection du cœur du village sera engraissée et rehaussée. Les faces amont des digues seront protégées par des enrochements.

Ces deux protections se termineront en sifflet au droit du pont de la route qui continuera à s'engraver à chaque crue importante. Un débordement à ce niveau est quasiment inévitable et doit être pris en compte.

 

Entre le pont et le Torrent des Glaciers, il est indispensable de prévoir une large zone de dépôt afin d'éviter un engravement régressif qui pourrait augmenter les risques de débordement en amont du pont. Les terrains de part et d'autre du torrent de la Raja présentent des caractéristiques très différentes :

Ainsi, le parti a été pris de favoriser le débordement en rive gauche afin de parfaire la protection du centre du village. La digue de rive gauche sera supprimée afin de favoriser les dépôts et de ne pas présenter une protection illusoire d'une zone très menacée par ailleurs.

De plus, les matériaux extraits sur le cône de déjection seront disposés dans les parties basses le long de la rive droite afin d'éviter une rupture de digue brutale. Le niveau du remblai sera au moins celui de la partie la plus élevée de la zone.

 

 

 

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